LA MADONNE ET LA LUNE

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Images : à g. L'Assomption de la Vierge (Cigoli, 1612); à d. IL'Immaculée Conception (Murillo, vers 1660)

Je suis tombé récemment sur une intersection intéressante entre l'art et la sélénologie. En 1999, les étudiants de première année à la faculté de Princeton ont participé à un seminaire dont le thème était les relations entre les développements artistiques et scientifiques de la Renaissance à nos jours. Un des étudiants, Dylan Cooke, avait notamment étudié dans quelle mesure les observations de Galilée avec sa lunette avaient pu influencer le peintre Lodovico Cardi (connu aussi sous le nom de Cigoli). Cooke a fait remarquer que jusque là, les représentations conjointes de la Vierge Marie et de la Lune montraient cette dernière comme une sphère parfaite - en accord avec la nature de la Vierge. En 1612, soit deux ans après les observations de Galilée, Cigoli (un des ses amis), dessine au contraire la Lune comme un croissant avec un terminateur irrégulier, marqué de cratères, exactement comme le montre les dessins de Galilée. On sait par ailleurs que Cigoli aurait utilisé la lunette de Galilée pendant plusieurs mois depuis le dôme d'une chapelle. Cette particularité de l'œuvre de Cigoli m'avait échappée à deux reprises jusque là. D'une part lors de la lecture, il y a 13 ans, de l'ouvrage The Moon and the Western Imagination, qui fait mention de l'œuvre reproduite ci-dessus. D'autre part lorsque j'ai visité la chapelle Santa Maria Maggiore à Rome en 2010.

Chuck Wood
(traduction Jocelyn Sérot)

Note : l'œuvre de Murillo est postérieure à celle de Cigoli. On peut dès lors se demander si les tâches sombres que l'on voit sur le globe par ailleurs sphérique sont une allusion aux mers dessinées par Galilée ou sont des simples reflets de la robe de la Madonne..


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